Entretien avec M. Bosson de la fondation Bellevue sur la suppression du service de psychologie et de l’art-thérapie aux Sciernes d’Albeuve – 19 juillet 2012

Contexte

Cet entretien a été proposé par M. Bosson à la suite d’une lettre que l’association lui avait écrite sur la suppression du service de psychologie dans le lieu d’hébergement des Sciernes d’Albeuve.

L’association avait été alertée par certains de ses membres sur le fait que ce service était apprécié par les patients et leurs proches. Sa suppression était donc comprise comme une moins-value dans le cadre de l’institution et engendrerait des problèmes de suivi de patients et de qualité d’encadrement, d’autant plus qu’une autre prestation disparaissait également : l’art-thérapie.

Bilan de l’entretien

M. Bosson
Dans le cadre du plan stratégique du canton de Fribourg dans le domaine de la Santé mentale (nouvelle RPT et la LIPI). La mission de l’institution est définie dans la loi et dans ce cadre, les psychologues et même les infirmiers ou infirmières ne font plus partie des dotations en personnel de ces institutions. Le financement de ces intervenants se fait dans le cadre de la LAMAL. Le mode de prise en charge par la Lamal n’est pour l’heure pas encore connu. Il était donc nécessaire, selon la loi, d’externaliser les services de psychologues, qui constituaient un cas particulier pour les Sciernes d’Albeuve. Ces personnes ont donc dû être licenciées, mais elles fonctionneront jusqu’à mars l’année prochaine. Pour les patients, il y aura des psychologues externes, comme c’est le cas pour les autres lieux d’hébergement  de la Fondation Bellevue. Il s’agira de professionnels agréés au titre de psychothérapeutes (avec formation reconnue). A noter que la prestation du psychologue est soumise à prescription de la part du médecin soignant.

En ce qui concerne l’art-thérapie, la prestation n’est pas reconnue et le financement n’est donc pas assuré.

MM. Hayoz et Jones 
L’institution travaille de manière très intense sur un promet pilote d’encadrement des patients sous l’impulsion de M. Valentino Pomini et Jérôme Favrod de l’université de Lausanne. L’approche est davantage centrée sur le patient et ses besoins, et les soins ou le soutien sont quasi individualisés. Les éducateurs ont développé un nouvel outil diagnostic pour évaluer les besoins des patients et leurs difficultés cognitives et y répondre. Les éducateurs peuvent dans ce cadre offrir de meilleures prestations aux patients. Il y a augmentation des compétences et de l’expertise des éducateurs. Ces nouvelles méthodes de prise en charge seront généralisées à l’institution entière et font l’objet d’une évaluation scientifique dans le cadre d’une thèse de l’université de Lausanne.

Ces diverses explications amènent deux remarques du rédacteur
Les prestations du psychologue sont soumises au bon vouloir de la LAMAL. Il y a un risque qu’elles ne soient plus ou que très partiellement  remboursées par l’assurance et soient ainsi portées à la charge du patient.
Est-ce que offrir les mêmes prestations partout constitue un objectif incontournable des soins en matière de troubles mentaux? Il n’est pas dit que la standardisation des soins, sous réserve même d’une individualisation de la prise en charge des patients, réponde le mieux aux besoins.


Séance du 4 juin 2012

Informations importantes

  • Journées de la schizophrénie 16-23 mars 2013 : présentation des activités par le Président : axes et contenus. Le RfSM et l’APF y seront présents.
  • Abandon de l’équipe thérapeutique, en particulier des psychologues aux Sciernes d’Albeuve. L’APF a écrit une lettre à Horizon Sud à ce sujet qui dénonce cet abandon qui semble être une moins-value pour les patients de Horizon Sud. Une réunion avec M. Bosson et l’APF est prévue à ce sujet.
  •  Un nouveau droit en matière de tutelles et de curatelles entre en vigueur en 2013 (une formation est donnée au RFSM, l’APF pourrait envoyer l’un ou l’autre de ses membres). Il en sera discuté à l’APF.
  • Le RFSM réorganise la chaîne de traitement des psychoses : renforcer le dépistage et la prévention, prise en charge avec une équipe mobile, ouverture d’une clinique de jour à Marsens de manière définitive, et d’une clinique à Fribourg
  •  Le Trialogue a fêté ses 5 ans au CO de Jolimont le 21 mai dernier avec un théâtre interactif présentant les problèmes de relations que pose la maladie psychique dans une famille.
  • A l’occasion d’une rencontre des directeurs d’institutions dans le cadre d’ INSOS (Association suisse des institutions s’occupant de handicapés – version résumée), l’Apf a été amenée à témoigné des problèmes liés aux relations des proches avec les institutions qui prennent en charge les malades psychiques et a pu transmettre certaines remarques et faire valoir certaines revendications.

 

Film et discussion « La patrouille des sentiers »
(25 min, reportage, juillet 2005, visible sur le site de la TSR)

Résumé

Pendant quelques jours, quelque 200 malades accompagnés des soignants marchent sur les crêtes du Jura.

On y découvre les témoignages de patients qui confient le diagnostic de la maladie (schizophrènes, bipolaires, dépressifs, etc.) et la décrivent brièvement ainsi que la difficulté pour le public à reconnaître et à prendre en compte cette maladie. Ces malades avouent être rentiers AI et parlent de la difficulté de leur statut pour eux-mêmes et de la difficulté pour les autres de reconnaître et la maladie et le statut. Face à la stigmatisation que subissent les malades psychiques, Mme Pont, directrice du GRAAP, préfère parler non pas de bénéficiaires de rente AI mais d’ayants-droit.

On y découvre :

  • La diversité des patients et des formations initiales (mathématicien, mère de famillle le week-end, artiste, éducateur, grand –père et psychologue)
  • La diversité de leur mode de vie (en institution ou seul en appartement, en couple « normalement »)
  • La diversité de leur personnalité
  • La souffrance quotidienne de ces patients, la reconnaissance plus ou moins consciente de leur maladie, le poids des médicaments, les contraintes qu’ils doivent subir (Ungermann)

« On n’est pas que schizophrène, ou bipolaire, on est d’abord quelqu’un qui a une maladie, qui doit vivre avec mais qui ne se réduit pas à sa maladie. On peut choisir de vivre mieux sa maladie, de la maîtriser un peu » (Mme Pont). Un patient rappeur parle de sa musique qui n’est pas une expression de la douleur liée à la maladie mais une transformation de sa douleur en expression artistique.

Discussion après le film

  • Problème de la reconnaissance de la maladie par le malade. La reconnaissance est un cheminement long et difficile pour tout le monde
  • Problème de la reconnaissance de la maladie par les autres (Un bon coup de pied au cul et ça va repartir)
  • Problème de la détection précoce reste assez important. Même pour les soignants, c’est difficile d’identifier de manière précise de quel trouble psychique souffre un patient.
  • Le problème de la stigmatisation est soulevé (les fleurs jaunes rouges et vertes sur les marcheurs), que représente ces symboles, stigmatisation positive ou négative.
  • Est soulevé également le problème de malades qui veulent prendre des vacances. Un malade qui veut partir en vacances seul, c’est une angoisse pour les proches. Il existe une organisation qui propose des accompagnants (le rédacteur n’a pas noté à qui s’adresser pour obtenir cette aide !)

Séance du 4 mars 2012

Assemblée générale – bref compte rendu

L’association a 77 membres cotisants et 31 sympathisants (+ 10% par rapport à l’année dernière)
Elle a une bonne santé financière grâce à la rentrée de cotisations régulières et au travail bénévole des membres du comité.
Un nouveau membre du comité a été élu : Mme Laurence Perler qui a fondé un groupe de parole pour les proches de malades atteints de troubles bipolaires.

Les activités ou participations de notre association

  • 4 rencontres trimestrielles : 5 mars, 4 juin, 10 septembre, 10 décembre 2012
  • Collaboration au groupe coordination proches
  • Collaboration au trialogue (23.1, 21.5, 24.9.2012)
  • Présentation de l’APF dans d’autres associations et représentation
  • Suivi du programme RECOS et équipe Mobile
  • Suivi du site internet
  • Journées romandes de la schizophrénie (16-23 mars 2013)

Discussion sur le thème : Proches et institutions

Les institutions d’accueil de personnes atteintes d’un handicap (INSOS) aimeraient connaître des points de vue de proches sur la qualité de l’accueil et de l’hébergement dans les institutions sociales, les relations entre l’institution, le malade et les proches. En ce qui concerne les institutions qui s’occupent de personnes atteintes de troubles psychiques, les membres de notre association sont à même d’en parler. 2 membres de Profamille participeront à la rencontre des directeurs de ces institutions pour y communiquer les préoccupations et les voeux des proches, leurs expériences et leur point de vue.

Il ressort des échanges entre les membres les points suivants :

Eléments positifs

  • Généralement l’accueil est plutôt bon. On peut même constater, depuis une vingtaine d’années, selon les intervenants, une nette amélioration dans les institutions comme le RFSM ou la Fondation Bellevue.
  • Généralement, il y a une réunion par année (avant Noël), voire deux, où les proches sont invités à partager un repas et quelques animations avec les personnes en institution.
  • Les proches sont invités à des entretiens où la maladie et les soins sont évoqués, où un bilan de l’évolution ou de l’état général du patient est communiqué.
  • Les parents peuvent aussi inviter leur proche malade à passer un moment à l’extérieur de l’institution, en leur compagnie.

Eléments à améliorer

  • La cohabitation de 6 à 10 malades dans un lieu relativement confiné pose parfois problèmes. Les règles de vie commune ne sont parfois pas assez claire : problèmes d’accès aux chambres d’un patient par les autres patients.
  • Comment sont réglées les tensions entre patients ou entre patients et éducateurs?
  • Un problème important a été soulevé : le manque d’informations des proches sur l’état du patient interné, sur ce qui va se passer, les soins qu’on va lui apporter, les effets des traitements médicamenteux ou de l’isolement, les choix et les enjeux thérapeutiques opérés par le personnel soignant.
  • Si les informations médicales sont couvertes par le secret professionnel; mais il est pourtant nécessaire que les proches soient informés de manière suffisante et satisfaisante sur ce qui se passe chez le patient et les interventions thérapeutiques du corps médical ou infirmier. Ces informations rassurent infiniment les proches et permettent de préserver ou développer une bonne relation entre patient – proche – infirmier ou médecin. Les proches se sentent un peu perdus et très inquiets face à l’état de leur proche malade et ressentent un manque de sollicitude ou de considération parfois de la part des soignants.
  • Ces difficultés posent le problème du cadre juridique dans lesquelles proches, patients et soignants sont amenés à évoluer face à la maladie psychique: qu’a-t-on le droit de savoir, que peut-on exiger, que faut-il connaître pour ne pas se sentir exclu et pouvoir aider le proche malade.