Les divorcés et séparés ont leur cours: «Revivre»

Après les cours «Alphajeunes» et «Elle & Lui», les cours Alphalive ont un nouveau petit frère: les cours «Revivre après avoir été délaissé(e)». La première édition de ce cours pour divorcés et séparés a eu lieu dans la région de Gland. Echos d’une première suisse!

Christine Koenig de l’Eglise évangélique Arc-en-ciel à Gland est rayonnante. En cette fin de soirée, ce vendredi de novembre, elle conclut la rencontre-bilan d’une première en Suisse : le cours « Revivre après avoir été délaissé(e) ». Un vrai succès!

Dans la petite salle communale de Givrins, l’ambiance est très animée. Autour des tables, les conversations vont bon train. Manifestement les convives ont du plaisir à être ensemble. Une cinquantaine de personnes – majoritairement des femmes – ont partagé un repas pour dresser un premier bilan de ce cours pour divorcés ou séparés.
«Pour lancer ce cours, explique Christine Koenig, nous sommes allés à Londres, à Holy Trinity Brompton, l’Eglise anglicane qui a lancé les cours Alpha». C’est que le cours « Revivre » est un « sous-produit » des cours alpha : un repas et une soirée-discussion non pas autour de la foi chrétienne, mais autour d’un problème de vie qui touche de plus en plus de personnes dans notre société.

« Un service que l’Eglise peut rendre au monde »

« Ce cours permet de se faire du bien au travers du partage.» Le pasteur réformé Jean-Denis Roquet fait aussi partie du comité d’organisation de cette première édition suisse de « Revivre ». Remarié après avoir passé par les souffrances d’un divorce, ce pasteur assure l’appui théologique de l’équipe des organisateurs. Avec son épouse, qui a aussi connu un divorce, il a par exemple dispensé l’enseignement de la deuxième soirée consacré à « La communication et à la résolution de conflits ». « En fait, ajoute Jean-Denis Roquet, ce cours est un véritable service que l’Eglise peut rendre au monde.

« Un support écrit, traduit de l’anglais et susceptible de paraître prochainement en français, donne l’orientation générale du cours. Pas de prêchi-prêcha dans ce manuel. La foi chrétienne transparaît plus par le développement de certaines valeurs comme le pardon que par des références directes à Jésus ou à la Bible. En fait, il s’agit de rencontrer les participants dans leurs souffrances et de leur montrer qu’ « il y a une vie après le divorce et qu’il est possible de retrouver espoir ».

Des divorcés de longue date comme des fraîchement séparés

« Voilà 6 ans que j’ai divorcé, raconte Claude autour d’une table, et le conflit avec mon ex-épouse dure toujours! » Cet ingénieur de ventes qui fréquente aussi régulièrement des rencontres « papa contact », dans le cadre d’un mouvement de la condition paternelle, a deux enfants. « Les voir un jour toutes les deux semaines, explique-t-il très ému, c’est 13 jours de tristesse pour un jour de bonheur! »

La soirée qu’il a le plus appréciée, c’est celle consacrée au pardon et au lâcher-prise. « Au travers des échanges avec d’autres femmes, relève-t-il, j’ai pris conscience que la souffrance n’était pas l’apanage des hommes. En fait je n’avais jamais imaginé que des femmes puissent souffrir autant d’une séparation! »

Nicole affiche une tout autre trajectoire. La semaine où son mari demandait la séparation a coïncidé avec le début du cours. Elle s’y est inscrite, alors que « la panique était à bord » ! « Dans des instants comme ceux-là, on se pose 1000 questions. Les échanges avec les autres personnes de mon groupe m’ont beaucoup aidée, témoigne-t-elle devant l’assistance. La prière de mes amies chrétiennes a constitué une source de consolation. C’est pour cela que je tiens encore debout! » Nicole regrette une chose. Ne pas avoir bénéficié de l’enseignement de la soirée sur la communication avant que son mari ne la quitte. « Si j’avais entendu cela voilà quelques années, je n’en serais pas où j’en suis aujourd’hui ».

Des incidences concrètes dans la vie des participants

La soirée sur le pardon a aussi été le moment-phare du cours pour Christian, un chrétien engagé. « Je n’avais jamais suivi une dynamique de groupe de ce style, raconte-t-il. Lors de la soirée sur le pardon, j’ai découvert que si je ne le pratiquais pas, je serais perdant. Dimanche dernier, j’ai pu demander pardon à mon ex-épouse pour ma part de responsabilité dans notre séparation, sans attendre la réciproque en retour… » Christian s’arrête. L’émotion l’empêche d’aller plus loin… « Je dois vraiment réapprendre à vivre seul, poursuit-il après quelques instants. Il y a une vie après un divorce. Il y aura peut-être même autre chose, lâche-t-il. N’a-t-on pas le droit de goûter à nouveau au bonheur? »

«Des question se posent autour de la publication d’un manuel et sur l’association qui va gérer ce cours, explique Christine Koenig. Une chose est sûre: il correspond à un besoin!» Et il devrait se multiplier dans toute la Suisse.

Pour venir en aide aux divorcés, Christine Koenig n’a pas que ce cours dans la tête. Depuis 3 ans, elle partipe avec d’autres à l’animation d’un groupe «Solobataire» dans la région de Gland. Ce groupe propose des sorties et des rencontres aux divorcés de la région. Notamment dans des moments délicats de la vie sociale où la solitude pourrait se faire cruellement sentir. « Se rencontrer et passer du temps ensembles dans des moments comme Noël, ajoute-t-elle, permet vraiment de se soutenir !»

SERGE CARELL

(Vivre | Janvier 2008)