Conférence du docteur Khazaal – 20 décembre 2010

Prise de poids associée aux médicaments. Que faire?

Compte rendu sommaire

Beaucoup de patients (environ 50%) sous antipsychotiques, mais aussi sous antidépresseurs et soumis à d’autres types de médicaments, prennent du poids et s’en plaignent. La prise de poids touche indifféremment les hommes et les femmes et intervient rapidement dès les premières semaines du traitement médicamenteux. C’est un problème sérieux car le surpoids génère d’autres complications de santé, n’est pas bien toléré par les malades et a des incidences négatives sur l’adhésion au traitement.

En fait, les médicaments agissent principalement sur 2 éléments : ils augmentent l’appétit ou diminuent l’impression de satiété. Ces éléments ont fait l’objet de tests et d’expériences. On a remarqué que des patients sous antipsychotiques continuaient d’avoir faim plus longtemps que des personnes non médicamentées. De plus, l’impression de plaisir, ressentie lors de l’ingestion d’aliments sucrés (alliesthésie) plus particulièrement, persistait plus longtemps chez les patients sous médicaments. Il est clair dans ce cas que les patients traités ont tendance à se suralimenter et, par conséquent, à prendre du poids.

L’augmentation des apports alimentaires peut, par ailleurs, être favorisée par des tentatives de contrôle trop rigides du poids conduisant à la combinaison de phénomènes de restriction et d’excès alimentaires.

Que faire?

Plusieurs approches peuvent être tentées et combinées :

  • modification du traitement médicamenteux :
    certains médicaments induisent une prise de poids chez certains patients et pas chez d’autres, un changement de médicament peut réduire de manière significative la prise de poids
  • mise en place d’un régime modéré
  • ajout d’un médicament complémentaire pour moduler la conduite alimentaire
  • thérapie comportementale et cognitive :
    le programme Apple-pie (gâteau aux pommes) permet de travailler avec les patients sur leur comportement alimentaire et d’améliorer la gestion de leur consommation

Dr yasser Khazaal, (yasser.khazaal@hcuge.ch), collaborateur au service d’addictologie des Hôpitaux Universitaires de Genève,


Conférence du docteur J. A. Lipiec  –  6 septembre 2010
RFSM : La Chaine de soins des troubles psychotiques du Centre de soins hospitaliers Marsens

Compte rendu sommaire

Le propos de cette conférence était de présenter les différentes phases de la prise en charge d’un patient atteint d’un trouble psychique, d’en développer les enjeux et les objectifs.

Depuis un certain nombre d’années déjà, des efforts ont été consentis dans la prise en charge des patients. Les patients bénéficient de mesures différentiées selon l’urgence et la gravité des cas. On a amélioré les techniques de diagnostic et l’accompagnement des patients avec un traitement multiaxial, aussi bien psychosocial, cognitif que médicamenteux. Des prises en charge ambulatoires ont été développées et on a aussi mis en place des programmes d’information et de participation des familles pour la prise en charge de leur proche atteint dans leur psychisme. 

Si le suivi des patients après leur sortie de l’hôpital a été amélioré, il reste encore des progrès à faire dans ce domaine et surtout au niveau de la prévention et de la conduite d’un diagnostic précoce du trouble psychiatrique. En effet, il est connu que plus le diagnostic et la prise en charge sont précoces, meilleures sont les pronostics pour l’avenir des patients.

Document joint : présentation Powerpoint du Dr Lipiec


Soirée conviviale – échange entre proches et patients – 7 juin 2010
Se rétablir de la schizophrénie – conférence de Jérôme Favrod et Dominique Scheder

Compte rendu sommaire

Le 7 juin 2010, Profamille a offert à ses membres une soirée d’information et d’échanges entre proches, soignants et personnes atteintes de schizophrénie. A cette occasion, une conférence a été donnée sur le thème: « Se rétablir de la schizophrénie », par Jérôme Favrod, infirmier, formateur et auteur de nombreux livres sur les soins de la maladie psychiatrique, et Dominique Scheder, musicien, écrivain, animateur au Graap (Groupe romand d’accueil et d’action psychiatrique) à Lausanne et atteint lui-même de schizophrénie.

Les deux animateurs se sont partagés les rôles et ont développé chacun un volet du thème proposé. L’un s’est attaché à développer les aspects scientifiques, les études et les expériences qui ont été conduites depuis une quarantaine d’années dans le domaine des soins de la schizophrénie, l’autre a illustré avec ses talents de musicien et d’écrivain la manière dont il a vécu et apprivoisé ses 40 années de vie avec la maladie. Les deux complices se sont eux aussi apprivoisés depuis longtemps et ils parviennent par leurs interventions et dans un jeu d’échanges et de dialogues à faire entrer le public de manière enjouée et positive dans le monde de la maladie, de ses travers parfois dramatiques, parfois drolatiques aussi.

L’infirmier formateur amène des données précises sur l’histoire des soins apportés à la maladie et ses succès. Le musicien et le chanteur raconte ses expériences de lutte, de rechutes et de victoires sur la maladie, en chansons ou par des témoignages emprunts d’un optimisme et d’un élan vital communicatifs. 

A eux deux,  ils sont parvenus à offrir aux quelque 70 personnes présentes un magnifique témoignage de la possibilité de vivre avec la schizophrénie.  D. Scheder a convaincu l’auditoire que la maladie pouvait être gérée et qu’elle n’empêchait pas de vivre sa vie. J. Favrod a montré que si un environnement et un encadrement favorables était offerts au malade, celui-ci pouvait trouver une place dans la société. 

Merci aux deux conférenciers pour cette leçon de science et de vie. 

Charly Mauron
Le 11 juin 2010

Compléments d’informations (Eléments tirés de la conférence et du diaporama de J. Favrod)

Le développement de la psychiatrie communautaire et ses effets

La psychiatrie communautaire comprend un système de soins accessible, basé dans la communauté, flexible aux besoins des patients et des services coordonnés :

  • Equipes mobiles
  • Services accessibles, réduction des barrières psychologique 
  • Dispositifs intermédiaires progressifs (hébergement, travail
  • Interdisciplinarité entre le sanitaire et le social
  • Coordination des soins (case manager)
  •  Lien avec les associations de patients et de familles

Une étude comparant deux situations, dans 2 états des Etats-Unis dans lesquels, pour l’un, on a mis en place de telles structures de soin et pour l’autre pas, montre les bénéfices d’une telle politique de soins.

Effets de 2 politiques de soins psychiatriques différentes

Processus de rétablissement

Critères de rétablissement pour la schizophrénie

  • Ne plus avoir de symptômes durant les deux dernières année
  • Etre employé au moins à 50% durant les deux dernières années
  • Vivre de façon indépendante
  • Etre capable de gérer son argent, ses courses, la préparation des repas et son hygiène personnelle
  • Avoir des interactions régulières avec des amis, des connaissances ou son conjoint, (n’inclut pas la famille d’origine).

    42 à 68 % des patients peuvent remplir ces critères

Voir diaporama de J. Favrod à télécharger au bas de cette page.


 

Assemblée générale du 1er mars 2010 : l’essentiel
Exposé et discussion : psychose et violence

Le comité a présenté aux quelque 30 personnes présentes le bilan des activités de l’association en 2009 et le programme 2010. Les comptes sont bénéficiaires et ont été approuvés par l’assemblée.
A suivi une présentation de Gérard Vilarejo sur le thème « Psychose et violence » dont voici un bref résumé.
La psychose est souvent associée à la violence dans les médias, ce qui offre une image déformée de la prévalence de la violence dans la maladie psychique. Il faut constater que si cette violence existe, elle est bien moins importante que ce qu’on croit.
Enfin, si le malade psychique peut être violent, il faut aussi relever que l’entourage peut exercer à l’encontre de la personne atteinte d’un trouble psychique non reconnu une violence qui nuit au gravement aux relations entre les proches et les malades. Pour plus d’informations télécharger les fichiers joints.
 

Voir fichiers à télécharger au bas de cette page


Réunion du 30 novembre 2009
Projet de collaboration entre Profamille, Afaap* et RFSM* concernant les familles ou proches de personnes atteintes dans leur santé mentale

Il existe une pluralité d’intervenants (associations, organismes privés ou mandatés par l’Etat) dans le domaine des maladies psychiques dans le canton de Fribourg. Ces différents intervenants ont la volonté de se coordonner et de collaborer pour aider efficacement les malades et les proches. 

A cette fin, Profamille, l’Afaap et des représentants du service social et du service de psychologie du RFSM se sont réunis pour présenter ce que chacun apporte dans le domaine, définir ce qui est commun et ce qui est complémentaire et déterminer un plan d’action pour un avenir proche et plus lointain. L’Afaap et Profamille présentent des prestations qui parfois se recoupent, il serait judicieux que les forces de travail ainsi que financières des deux associations ne se dispersent pas mais au contraire améliorent la cohérence et la qualité des prestations offertes.

Le RFSM, par l’intermédiaire de trois de ses représentants envisagent la création d’une plateforme pour les proches, plateforme qui pourra orienter les proches des personnes concernées par la maladie mentale vers les intervenants les mieux à même de répondre à leurs besoins. Cette plateforme se donnerait pour mandat, en outre, les éléments suivants :

  • rendre l’offre de prestations visible, accessible et facile à utiliser par ceux qui en formulent le besoin (No d’appel centralisé, plaquette d’informations commune, site Internet, coordination des activités …)
  • permettre à tous ceux qui le souhaitent de verbaliser et de faire connaître leurs besoins,
  • évaluer l’efficacité des prestations offertes, des offres de formation (par ex. mandats donnés à des étudiants en sociologie de l’Université)
  • émettre des recommandations, une procédure à suivre en cas de crise psychique

Il s’agit de fixer un cahier des charges, un ordre de priorité dans les objectifs à atteindre et des échéances pour réaliser ce mandat.

C. Mauron, décembre 2009


* Afapp : Association Fribourgeoise Action et Accompagnement Psychiatrique

* RFSM : Réseau fribourgeois de santé mentale


Présence au comptoir gruérien 2009

Du 23 octobre au 1er novembre, notre association était présente sur le stand de la Fondation Horizon Sud. Le stand présentait 5 cabines; dans chaque cabine, une personne pouvait expérimenter quelques minutes de la vie d’une personne souffrant de troubles psychotiques. Un montage audiovisuel réalisé dans la ville de Bulle, un jour de marché, permettait au visiteur de ressentir quelques-unes des sensations et des émotions d’une personne psychotique se baladant dans les rues de la ville.
L’expérience a attiré plusieurs milliers de personnes, le stand n’a pas désempli du début à la fin du comptoir. 
Même si, pour certaines personnes, le passage dans la cabine était ludique, l’expérience ne laissait pas indifférent et les discussions que les membres de notre association et les représentants d’Horizon Sud ont pu avoir, après ou avant le passage dans la cabine, étaient très enrichissantes. L’intérêt du stand ainsi que la disponibilité de nos membres ont  très certainement permis de faire mieux connaître la maladie psychique, en particulier la schizophrénie, et ainsi de la faire mieux comprendre et mieux accepter.

 

C. Mauron, novembre 2009

Réunion d’automne de Profamille, 7 septembre 2009
Conférence du professeur Vianin – Résumé synthèse

Le professeur Vianin s’est surtout intéressé aux symptômes dits négatifs de la schizophrénie. Ce ne sont pas les hallucinations ou les comportements spectaculaires souvent rapportés dans la presse, mais des éléments beaucoup plus discrets et qui pourtant sont déterminants dans les pronostics de la maladie. Les déficits ne sont pas les mêmes chez tous les patients. Dans son programme RECOS (reconstruction cognitive) le professeur Vianin s’est attaché tout d’abord à tenter d’identifier et de mesurer de la manière la plus précise possible ces déficits afin de pouvoir agir sur eux et les réduire.

Que sont les déficits cognitifs?

Ce sont les difficultés que le malade rencontre pour se concentrer (attention), acquérir de nouvelles connaissances, les mémoriser ou les mobiliser pour agir. Ces problèmes sont présents chez environ 80% des patients.

 

  • Déficit de l’attention. Les troubles de l’attention empêchent le patient de persévérer dans une tâche intellectuelle, de sélectionner les informations importantes parmi les choses qu’il perçoit: il se sent donc dépassé par toutes les informations qu’il reçoit et il ne parvient pas à les analyser de manière assez pertinente pour prendre une décision par exemple.

 

  • Déficit de la mémoire. On distingue principalement deux types de mémoire, la mémoire à long terme et la mémoire à court terme, dite mémoire de travail. 
  • La mémoire à court terme intervient par exemple dans une conversation, un discours ou la lecture d’un livre, lorsqu’il s’agit de se rappeler ce qu’on vient de dire, de lire et de continuer son discours en fonction de ces éléments. Elle intervient aussi dans la visualisation et la mémorisation de l’espace qui nous entoure (mémoire visuo-spatiale). Dans la vie quotidienne, il nous arrive de devoir mémoriser l’emplacement de choses vues brièvement dans une séquence particulière. Par exemple, lorsque nous conduisons (sans GPS !) dans une zone que nous ne connaissons pas, nous devons suivre un itinéraire que nous avons repéré brièvement sur une carte routière. C’est également le cas d’un musicien, lorsqu’il jette un coup d’œil sur sa partition et reproduit sur son instrument la séquence de notes.
  • Dans la mémoire à long terme, le processus par lequel on se souvient des événements vécus avec leur contexte (date, lieu, état émotionnel) est souvent touché dans la maladie. Il y a dès lors des difficultés de reconnaître des situations ou des évènements vécus, de se les rappeler, d’apprendre des listes de mots.
  • Déficit des fonctions exécutives. Le patient à des difficultés à mobiliser ses connaissances pour agir. Il peut difficilement se créer et mémoriser un schéma de pensée approprié pour résoudre un problème ou atteindre un but. Il ne parvient pas à planifier une tâche, à s’organiser, à changer sa façon de pensée lorsque la situation change.

Le programme RECOS

  • Mesurer les fonctions cognitives afin de les traiter en fonction des déficits repérés (batterie de tests neuropsychologiques)
  • Mesurer les répercussions fonctionnelles des troubles cognitifs
  • Tenir compte du lieu entre troubles cognitifs et symptômes cliniques
  • Apprendre au patient à connaître ses capacités et ses problèmes afin d’améliorer ses performances (métacognition).

Dans la phase de remédiation, le patient est amené, en fonction des déficits constatés, à suivre plusieurs modules d’entraînement pour améliorer ses performances (mémoire verbale, mémoire et attention visuo-spatiales, mémoire de travail, attention sélective, raisonnement). Les objectifs individualisés sont définis avec le patient et font l’objet d’un contrat entre patient et thérapeute.

 

Schéma représentant les résultats de tests effectués sur des patients ayant suivi le programme expérimental RECOS, avant et après le programme, tiré de la présentation du professeur Vianin

Les perspectives et développement du programme RECOS

  • Validation multi-centrique du programme RECOS.
  • Enseigner les techniques de remédiation cognitive aux personnes en charge de patients psychotiques (formation RECOS)
  • Développer la prise en charge précoce des jeunespsychotiques (travail de prévention)
  • Développer de nouveaux modules dans une perspective d’agir plus directement sur les symptômes de la maladie.
  • Collaborer avec les ateliers protégés pour faciliter la réinsertion professionnelle des patients.

L’association Profamille va tenter d’implémenter ce programme Recos au niveau du RFSM.

C. Mauron, novembre 2009

 

Références et contacts pour le programme RECOS

Site internet : http://www.programme-recos.ch/
Responsable du programme RECOS :Pascal Vianin ( Pascal.Vianin@chuv.ch )
Demande de suivi :Romaine Dukes ( Romaine.Dukes@chuv.ch )

Adresse :
Consultation de Chauderon
DP-CHUV
Av. d’Echallens 9
CH-1004 Lausanne
Tél. +41 21 643 14 14